Responsables pour l’Egypte : Stéphane Pradines (IFAO), Osama Talaat (IFAO)
Fort mamlouk, Nuweiba, Sinaï
Le projet débute le 15 septembre 2001, lorsqu’une convention de coopération entre l’IFAO et l’IFPO (ex-IFEA) fut signée, un des programmes scientifiques soutenu portait sur la collaboration entre les deux parties dans le cadre du programme d’archéologie islamique. Dans le cadre des fouilles sur la muraille ayyoubide du Caire et la citadelle ayyoubide de Damas, l’IFAO a proposé un programme d’échange et de collaboration pour la constitution de corpus communs sur la céramique islamique et l’architecture militaire du XIIe au XIIIe siècle en Egypte et dans le Bilad el-Sham. Ce projet était co-dirigé par Stéphane Pradines et Osama Talaat.
En 2007, Osama Talaat et Stéphane Pradines ont rassemblé l’ensemble de leurs données concernant les fortifications médiévales et modernes d’Egypte, tant dans les textes que les vestiges matériels et architecturaux. Il s’agit de réunir dans une base de données toute la documentation concernant les forts, forteresses et enceintes urbaines, construits en Égypte depuis l’islamisation jusqu’à Mohamed Ali.
Forteresse abbasside de Farama
De son coté, Benjamin Michaudel a réuni un corpus de fortifications ayyoubides et mameloukes pour la Syrie.
En juin 2009, Mathieu Eychenne, spécialiste des élites mameloukes et Christian Gaubert, Arabisant / informaticien, ont réalisé l’architecture de la base sur FilemakerPro. La base de données « Fortiforient », commune à l’IFAO et l’IFPO, concerne une fourchette chronologique moins large et réunit des informations sur les fortifications médiévales ayyoubides et mameloukes d’Egypte et de la Grande Syrie, du Xe au XVe siècle. A cette période, les territoires égyptiens et du Bilad es-Sham partagent la même histoire, il est donc intéressant d’étudier et de comparer des fortifications d’un même ensemble culturel.
Mathieu Eychenne a poursuivi le travail d’Osama Talaat sur les sources concernant les fortifications égyptiennes et réalisé un travail inédit sur les sources syriennes. En 2011, Cyril Yovitchitch (Ifapo) a rejoint notre équipe et s’occupe du volet archéologique des fortifications du Bilad el-Sham.
Fort mamlouk de Nahkl, Sinaï
On analyse l’architecture militaire du monument, avec une analyse approfondie de ses techniques de construction, ce que l’on, appelle l’archéologie du bâti. On établira des typologies des courtines, des tours…des appareils défensifs comme les archères, les meurtrières… Ainsi, Stéphane Pradines et Osama Talaat ont établi une liste du vocabulaire architectural utilisé par tous les experts de la castellologie Proche-Orientale. Tous les éléments réunis seront comparés entre les différentes régions d’Egypte, entre les différentes périodes et aussi comparés avec l’ensemble des techniques et de architectures militaires autour de la Méditerranée.
Les fortifications médiévales au Proche-Orient et en Égypte ont évolué au gré des conflits entre Orient et Occident. L’impact des Croisades et des populations d’Asie centrale a été déterminant dans cette course à l’armement et dans les innovations architecturales. Les influences et les modes architecturales n’ayant pas de frontières, de la Cilicie à la vallée du Nil, les tours, les portes, les embrasures de tir se ressemblent et s’imitent. Parfois, il est impossible de dire s’il s’agit d’une architecture militaire chrétienne ou islamique. C’est pourquoi les inscriptions apportent des informations fondamentales pour dater et comprendre les fortifications, qu’elles soient urbaines ou rurales, qu’il s’agisse de forts ou d’enceintes. En outre, l’épigraphie en contexte de guerre est un élément important de propagande du pouvoir. Les inscriptions militaires permettent d’appréhender les espaces géostratégiques et les enjeux économiques et politiques sur le contrôle d’un territoire.
Comment appréhender un territoire à travers l’étude de ses fortifications ? C’est la question que nous nous poserons à travers l’analyse d’espaces géostratégiques et de zones de frontières, en Egypte et au Bilād al-Šām. La plupart des fortifications fatimides, ayyoubides et mamloukes sont liées à l’eau, la maîtrise de l’eau est essentielle dans ces zones désertiques, il faut faire vivre la garnison, mais aussi irriguer les cultures des villages environnants et abreuver les bêtes de somme des caravanes de passage. Les fortifications sont donc implantées le long de petits wadis et de cours d’eau parfois majeurs comme le Nil, l’Oronte ou l’Euphrate. Ces fleuves sont aussi des axes de circulation des hommes et de transport des marchandises. Au delà des fleuves, les mers sont les grandes zones d’échanges culturels et de conflits. L’étude du littoral par l’archéologie est essentielle, la mer Rouge, lien direct avec l’Afrique et l’Asie et la mer Méditerranée, lien avec l’Europe, seront abordées. Les fortifications sont des marqueurs culturels et chronologiques efficaces, que ce soit dans le delta du Nil ou sur les côtes de Palestine.
Notre base de données regroupera des plans, des photos, des notices bibliographiques de tous les ouvrages se référant aux fortifications médiévales égyptiennes. On étudiera tous les documents graphiques disponibles : photos satellites, cartes actuelles ou anciennes.
La collecte d’un grand nombre de ces éléments et la création d’une BDD nous a incité à lancer un projet complémentaire de système d’information géographique. Le SIG « Fortiforient » a été réalisé en 2010 par Tarek al-Morsi. Ce chercheur a géo référencé les cartes à notre disposition afin de localiser précisément les sites fortifiés égyptiens. Ce SIG pourra être utilisé par nos collègues de l’IFPO afin de placer leurs propres cartes et fortifications. Ce système d’information géographique vient en appui de la BDD et sont deux projets complémentaires.
Fort de Qaitbay, Alexandrie
Participants et responsables pour l’Ifpo :
Mathieu Eychenne, Benjamin Michaudel et Cyril Yovitchitch
Lien(s) :
http://www.ifao.egnet.net/axes/relations-conflits/castellologie/
http://www.ifporient.org/node/34
